30 mai 2006

Média en crise ou média de crise ?

Devant l'évidente faiblesse des média aujourd'hui, la question n'est plus de savoir si ceux-ci sont en mesure de relater les événements et de prendre du recul pour en tirer des analyses constructives.

Nous sommes beaucoup à nous désespérer du rôle actuel des media. Même si la presse écrite et audiovisuelle en tant qu’entreprises sont tenues à une forme de rentabilité (actionnariat oblige) les français n’ont pas manqué de notre le manque de pertinence des éditoriaux et reportages qui leurs sont proposés.

Cette prise de conscience des lecteurs ou auditeurs est en partie liée à la popularité dans les rédactions des « revues de presse ». A ce jeu, Le Parisien et le Canard Enchaîné sont les deux sources les plus citées sans toutefois y apporter le moindre commentaire ni critique. De leur côté, les internautes ont vite découvert que l'AFP et Reuters étaient accessibles en direct sans passer par les grands media.

Alors, puisqu’il est de bon ton de faire des économies dans le domaine de l’investigation que reste-t-il aux journalistes ?

A magnifier, entre autres, les faits divers. La proximité de certains juges ou policiers avides de sensation ou chasseurs de notoriété permet à une grande partie de la presse de diffuser des comptes-rendus d'audition d'une instruction en cours ou de l’avancement de l’enquête. L’affaire d’Outreau et celle de Toulouse, qui mettait en cause Dominique BAUDIS (et qui a probablement valu à Karl ZERO de perdre ses contrats avec CANAL+), sont symptomatiques d’une presse « Kleenex » qui a fait de la phrase de Pierre LAZAREFF, « Une fausse information plus un démenti cela fait deux informations » son leitmotiv.

Lorsqu’on voit la descente aux enfers de la presse quotidienne on est en droit de se poser une question : pourquoi continuer dans cette voie alors que le lectorat ne suit plus ?

Une autre question s’impose : la situation catastrophique de la presse écrite n’est-elle pas également liée aux concentrations et, par voie de conséquence, au fait que quelques groupes « financiaro-militaires » s’arrangent pour supprimer toutes les enquêtes et prises de positions contraires à leurs annonceurs et à leurs amitiés politiques ?

Le meilleur exemple actuel est le discrédit récent, mais permanent, du chef de l’état qui visiblement n’est plus à la mode. Le « Sarkozysme » ou le « Royalisme » affiché par la quasi totalité des media est aussi risible que pénible à lire, écouter et voir.

S'appuyant sur les sondages, qu'ils s'évertuent à ériger comme pronostics des données biaisées par l'absence de sincérité et l'indécision des français au sujet de leurs intentions de votes, les médias jouent de la capacité d'oubli du public comme d'un avantage décisif dans leur lutte contre le temps. Les français doivent aimer l’approche people et en redemander !!!

La montée en puissance des sites Web et blogues dans le PAF semble contrarier cette logique et quelques media s’essaient à ce style parfois brouillon mais souvent dérangeant. Mais le cœur n’y est pas car la blogosphère n’est pas structurée et on ne peux pas lui faire dire ce que l’on souhaiterait.

Le point de départ de la remise en cause du journalisme institutionnel se situe lors du référendum pour le projet de traité constitutionnel européen. Les médias associés aux partis de gouvernement et à la majorité du Parti Socialiste ont tentés une dernière fois de manipuler les citoyens en donnant de façon systématique la parole aux promoteurs du OUI et criminalisant voir en insultant les opposants au traité.

La révolte est partie des forums et des blogues sur lesquels on lisait une toute autre réalité et où on pouvait assister ou participer au débat citoyen. La rudesse des propos et les affrontements ont prouvé que les français ont soif de comprendre et de commenter. A tel point que le blogue de Dominique STRAUSS-KAHN ouvert à tous les internautes était devenu l’un des endroits où l’argumentation des deux camps avait remplacé depuis belle lurette l’atonie des vrai media.

De nouvelles expériences comme AGORAVOX, SCOOPEO ou WIKIO sont en train de remodeler le paysage de l’information. L’Internet permet aujourd’hui à des citoyens experts dans leurs domaines de communiquer passion et information (cf. Les influenceurs). Des tribunes d’idées émergent quotidiennement mettant à mal les supports traditionnels de plus en plus soupçonnés de connivence avec des groupes de pression et des intérêts libéraux plus ou moins affichés.

La presse ne doit pas, c’est évident, disparaître mais de nouveau offrir un visage pluraliste équivalent à celui des citoyens français. Le formatage des journalistes, dont les écoles de journalisme sont responsables, doit prendre fin sous peine de se faire disqualifier par un public de moins en moins crédule.

Les citoyens doivent également réfléchir sur l’avenir des nouveaux media d’information. L’attitude qui consiste à considérer que la gratuité de lecture est une règle sur le Web est suicidaire. Il est grand temps de donner un modèle économique à la presse alternative. La naissance de collectifs de lecteurs actionnaires pourrait être une solution.

Il est temps de quitter le domaine de la passivité et de rentrer dans celui de la participation et de la promotion du sens critique. A défaut, nous aurons les media que nous méritons, c’est à dire ceux d’aujourd’hui.

28 mai 2006

L'aide aux parents est-elle une option politique ?

Une inteview débat à la radio des maires de BONDY (PS) et du RAINCY (UMP) nous donne à réfélechir sur la place du débat générationnel et des différents visions qui vont rythmer la campagne présidentielle.

En clair, quel avenir pour la société ?

Nous vous conseillons l'écoute de cette interview à l'adresse suivante.

Nombreux sont ceux de la génération d'après 68 qui se trouvent démunis quand les petits sont venus. Cette incapacité à éduquer notre progéniture n'est-elle pas d'ailleurs l'une des sources majeures de la crise que nous traversons depuis bientôt dix ans ?

La plupart des travailleurs sociaux se plaignent de la rupture entre les générations dont sont victimes les jeunes parents. Coupés de leurs aînés ou en conflit avec leur famille, ils ne profitent pas des apports naturels qui s'organisent entre les parents, les grands-parents et les apprentis parents.

Combien parmi vos proches se sont précipités dans la première librairie pour acheter le livre à la mode sur la meilleure méthode d'éducation, de -6 mois à 20 ans ? La plupart de ceux qui ont assez d'argent se font aider, d'une manière ou d'une autre.

Pour les autres…Combien de places de garde collective, crèche ou garderie, manquent dans chaque municipalité ? La socialisation précoce et l'encadrement complémentaire, par des professionnels est un atout dans la vie d'un enfant.

Pourtant le minimum de formation est donné désormais même aux tuteurs des stagiaires des contrats de professionnalisation. Pour s'assurer que ceux-ci soient encadrés, une incitation financière est fournie aux entreprises qui acceptent de participer aux réunions organisées par et dans les centres de formation.

Alors qu'attend notre société pour accompagner par de véritables séances de formation, les parents, jeunes ou moins jeunes ? Préférerons-nous poursuivre notre fuite en avant et transmettre désormais aux maires le rôle de chef de famille délégué ? De quels moyens seront-ils dotés ? Pas assez nous le savons bien.

L'échec des travailleurs sociaux et de la justice est patent, non pas par manque de volonté ou de dynamisme mais faute de moyens. Il nous faut donc nous attaquer à la source des problèmes et cesser de se voiler la face. Nos responsables politiques passent leur temps à se convaincre mutuellement que nous ne pouvons pas, n'osons pas, proposer ou simplement appliquer des solutions efficaces. Celles-ci sont possibles, mais pour être acceptées elles ont parfois besoin d'une authentique concertation et de volonté politique, et de moyens. C'est sur la ville que repose la construction de la vie des futurs adultes. Aucune politique de la ville n'a jamais bénéficié des moyens nécessaires aux ambitions affichées.

Au lieu de cultiver les ambitions et les colifichets électoraux, n'est-il pas temps que le débat politique se place au seul endroit où beaucoup l'attendent : la gestion de l'avenir de la société et de ses citoyens ?

24 mai 2006

Oh ! Combien de politiques, combien d’élus sont partis vainqueurs ?

Mise en valeur par la délicieuse affaire Clearstream et confirmée par la défense patriotique d’Arcelor, la prise de pouvoir des entreprises sur le politique est désormais évidente.

A l’origine de la tourmente politique française, se trouve EADS et la guerre de succession de ses dirigeants. Ils sont parvenus à impliquer les politiques au plus haut niveau. Il ne s’agit pas des actionnaires mais de quelques cadres ambitieux connaissant parfaitement les rouages des milieux du pouvoir français.

L’équipe dirigeante d’Arcelor a hurlé au scandale économique et européen quand Mittal a décidé de prendre le contrôle de la société luxembourgeoise. C’était quand Mittal ne proposait que 27 € par actions. Elle a ameuté les dirigeants nationaux et européens pour faire voter, dans l’urgence, une loi de protection contre les attaques des entreprises qui ne sont pas de chez nous. Elle a mobilisé l’ensemble des peuples pour la défense des intérêts économiques de notre continent. Mittal a relevé son offre. A 40 €, tout semble aller beaucoup mieux, et les responsables de l’entreprise ont l’air satisfait du résultat.

Et vous ne l’avez pas vue venir celle-là ? Pourtant depuis quelques années, le pouvoir économique, et par extension celui de ses principaux servants, les dirigeants des entreprises, est devenu plus fort que celui des représentants et de ses serviteurs, les hauts fonctionnaires. Après les avoir supplantés, les voici pris à les manipuler. Pourtant, peu de ses politiques s’en plaignent. Etonnant, non ? En profiteraient-ils ou considèrent-ils qu’ils ne peuvent faire que bonne figure face à une nouvelle puissance qui les écrase. A moins qu’ils ne soient de connivence, mais cela, vous-même, vous n’oseriez pas l’imaginer.

N’est-ce pas ?

18 mai 2006

Question du jour : Mais où est donc le clergé dans tout ça ?

Bon résumons : un politique charge un militaire des services secrets et un industriel de faire une enquête tout à fait secrète sur un autre politique. Sentant le caractère, comment dire un peu trop secret, l’agent, censé être secret, se confie à un … journaliste d’un grand journal quotidien et lui demande d’aller tout dire à l’autre politique. De son côté, l’industriel pour des raisons de politique industrielle donne des informations fausses à … un juge, en dehors de tout cadre judiciaire puis envoie ces fausses informations à plein de monde, histoire de simplifier l’histoire. Bon jusque là rien de grave, sauf que le juge sait tout ça … et ne fait rien. Donc quand le journal publie les informations tout le monde s’étonne. Forcément, puisque tout le monde savait.

Finalement, tout ceci implique des politiques, des industriels, des militaires, des journalistes et des magistrats. Et le clergé dans tout ça ? Peut-être que si le militaire avait des affinités pour les messes basses et si une politique se faisait nonne, au moins le cercle vicieux serait fermé…

Parce que, côté tiers-état, nous, on ne comprend rien.